La salle est éclairée, les murmures se promènent, impatients et frustrés, il n'y a personne sur scène...
Les enfants rongent les sièges, se donnent quelques déments, ce qui gène les plus grands, chantonnant leurs arpèges.
Arrive alors un homme, apparat noir et blanc, aux iris de l'automne, aux pupilles de printemps...
Il respire l'autrefois, ces souvenirs d'antan, qu'on sème au grès du vent, près d'un grand feu de bois;
On l'adore, on l'acclame, le public sous ses charmes, revêtit ses mains froides dans un silence d'or.
Dans son coeur un hiver, lorsqu'il gravit l'estrade, l'instrument est en guerre, de voir sa vie malade...
Quand le pianiste saignait, toutes les notes sanglotaient, piano désaccordé, et c'est L'homme qui pleurait.
La mélodie commence, les doigts de fée parcourent, quelques valses, une danse, une romance de toujours...
Mais c'est le jeu des gammes, qui dévoilent la nouvelle, maintenant immortelle, l'homme a perdu sa femme..
Douloureuses noires pointées, Infatigables croches, les triolets ricochent d'un amour décédé.
Le concert devient fou, et l'on change de ton, la musique explique tout, d'un cancer des poumons;
Elle raconte une vie, un baiser effleuré, des regards échangés, une mélancolie...
Elle excuse l'absence, d'un homme qui est venu, seul face a la souffrance, jouer de sa vertu
Et les larmes se parent, d'un costume démodé, un visage s'égare dans des notes suicidées...
Ca y est, elle déccélère, cette angoisse cette rage, désormais le courage vient remplacer l'amer
C'est la peau déchirée, que le pianiste s'achève, saluant de la main, un public qui se lève.
S'écrivant sur la liste, des prochaines " mises en cage" , il rend ainsi hommage, a ses oeuvres d'artiste.